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Refusons l’initiative dite « NON à l’élevage intensif en Suisse ».

De quoi s’agit-il ?

L’initiative a été lancée par une association antispéciste : Sentience Politics. Elle vise à introduire un article 80a dans la Constitution, demandant à la Confédération de protéger la dignité des animaux et leur droit de ne pas faire l’objet d’un élevage intensif. Par intensif, l’initiative entend un élevage qualifié d’industriel, portant systématiquement atteinte au bien-être des animaux. Le cahier des charges de Bio Suisse, marque privée, serait inscrit dans la Constitution comme référence et l’importation d’œufs et de produits carnés ne respectant pas ce cahier des charges serait prohibée en Suisse. Pour terminer, un délai transitoire de 25 ans au plus serait prévu pour que les exploitations agricoles puissent s’adapter à ces nouvelles dispositions. Dans les faits, sous couvert de protéger la santé des animaux élevés en Suisse, l’initiative vise à réduire drastiquement, voire supprimer à terme, la production et la consommation de viande dans notre pays. Son titre est trompeur car il laisse à penser que l’élevage, tel que pratiqué chez nous, serait intensif et industriel. Or, il n’en est rien !

Qu’en est-il de l’élevage en Suisse ?

La Suisse a toujours été pionnière en matière de bien-être animal ! La Loi fédérale sur la protection des animaux est entrée en vigueur il y a 41 ans. Depuis, de nombreuses adaptations lui ont été apportées, tenant compte de l’évolution des connaissances en matière d’éthologie et avec pour objectif d’améliorer sans cesse le bien-être animal. Afin d’aller plus loin, des programmes de soutien public sont mis sur pied dans les années 90. Il s’agit des programmes « Systèmes de stabulation particulièrement respectueux des animaux » (SST) et « Sorties régulières en plein air » (SRPA), qui sont adaptés à chaque espèce pour répondre à ses besoins spécifiques. Fait unique, la Suisse a de plus défini des effectifs maximaux d’animaux par exploitation agricole. Le bien-être animal est donc déjà au centre des préoccupations du législateur, tout comme des éleveuses et des éleveurs, nos normes étant les plus restrictives au monde. Il faut relever par ailleurs que l‘agriculture suisse est de type familiale et non pas industrielle. Pour terminer, les produits issus d’élevages tels que proposés par l’initiative sont aujourd’hui disponibles sur le marché, vendus sous plusieurs marques et labels. Les consommateurs qui souhaitent aller plus loin que les normes de base ont donc déjà la possibilité d’acheter des produits labellisés.

Conséquences en cas d’acceptation de l’initiative ?

L’application de l’initiative aurait pour conséquence directe une très forte réduction de l’offre en œufs et produits carnés de proximité. Or, la Suisse est fortement tributaire de l’étranger pour nourrir sa population. A titre d’exemple, nous ne produisons aujourd’hui que 58% de la viande de volaille que nous consommons. En cas d’acceptation de l’initiative, ce taux d’auto-approvisionnement chuterait à 5%. Avec pour effet que la volaille suisse deviendrait un produit de luxe au prix exorbitant, devenant inaccessible pour la plupart des ménages. Ensuite, la consommation d’œufs et de viande ne va pas diminuer comme par enchantement et il faudra recourir massivement à des importations, le tourisme d’achat étant par ailleurs encouragé. L’initiative veut nous faire croire que la Suisse pourrait interdire l’importation d’œufs et de produits d’origine animale qui ne correspondent pas au cahier des charges de Bio Suisse. C’est un leurre, car notre pays a passé de nombreux accords internationaux qui empêchent de telles restrictions. Finalement, les produits importés le seront de pays où les animaux sont moins bien traités que chez nous et c’est le bien-être animal global qui en souffrira. Si l’effectif maximum de poules pondeuses par exploitation est de 18’000 en Suisse, il existe des élevages avec 600’000 poules en Allemagne. C’est de ce type d’élevage qu’il faudra importer nos œufs. Un bel autogoal en matière de bien-être animal ! Pour terminer, la plupart de nos éleveuses et de nos éleveurs seront contraints d’arrêter leur production pour des raisons économiques. A Genève, cela concerne plus particulièrement la production de volailles et d’œufs GRTA. Il faudra donc déposer un clair NON dans l’urne le 25 septembre à cette initiative inutile et trompeuse.

François Erard, directeur AgriGenève

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